dimanche, janvier 07, 2007

Prière du désir

Au départ, j'hésitais à intituler ce billet Misère du désir. Il est permis de reprendre les titres des livres, surtout ceux des sondeurs. C'est la différence avec les bagnoles. Comme Soral en avait fait l'objet d'un humiliation littéraire, je ne prenais aucun risque : au pire, je ne pouvais faire pire. Ce n'est pas comme de reprendre Le Père Goriot! Il en avait du courage, La Fontaine, de se coltiner avec Esope&Co! Finalement, ce sera Prière du désir. Prier donne de la force, surtout quand on est athée.
Hier, je suis tombé sur une chaîne accablante. Une chaîne du câble. NRJ TV. Un reportage était consacré à Arthur. Pas le flibustier, l'animateur télé. Le ladre s'est reconverti en humoriste et tient à ce que ça se sache! Du coup, défilaient à la barre des témoins Gad Elmaleh, Elie Semoun, Johny Halliday, Estelle Lefébur-Halliday, Bernadette Chirac, Geneviève de Fontenay...
Que du toc et de la tare tous azimuts. Show-business, politique et économique (les marionnettistes ne passent jamais à la télé), tous étaient venus rendre hommage au roi Arthur. C'est qui, Arthur? Jacques Sebbag est à la scène un abruti qui fait de l'audience en abrutissant les téléspectateurs.
D'une manière différente toutefois. Les animateurs ne sont pas que des pions manipulés par de grands manitous audiovisuels aux stratégies insondables. En l'occurrence, Delarue, Ardisson, Fogiel, Drucker, Nagui ou Arthur (j'en ai oublié, désolé pour Dechavanne!) sont des producteurs qui touchent le pactole en proposant du prêt à consommer. Quand le téléspectateur ouvre la télé, leur but est qu'il s'engouffre dans l'émission sans effort.
Les animateurs télé proposent le désir sans effort, soit l'inverse de la culture classique. Drucker flagorne, Fogiel persifle, Nagui guignolise. Ardisson, on connaît la chanson. Quant à Delarue, c'est l'intellectuel de la bande. Delarue propose des questions de réflexion qui n'obligent pas à la réflexion. Finie la contrainte passée à laquelle astreignait la lecture d'un penseur. Au lieu de méditer Platon, ouvrez Delarue TV ! Vous vous cultiverez sans une once de sueur. Le réconfort sans l'effort, il fallait la télé pour y penser!
On aimerait bien être une petite souris et apprendre comment se comportent les Gentils Animateurs du PAF quand ils ne sont pas en plateau. Pour Delarue ou Dechavanne, les ragots n'incitent pas à l'optimisme. Apparemment, les GA sont des prédateurs qui ne cherchent qu'à amasser le blé. Voyez l'affaire Karl Zéro, ou comment l'insolence télévisuelle se réduit à de la manipulation criminelle Allègre!
Comme les GA gagnaient des tonnes d'argent à abrutir les masses, les protestations des jalous et des idéalistes fusèrent. C'est une des armes favorites du système : en permettant les récriminations, les grondements de la populace s'apaisent. En l'occurrence, la vilaine rengaine est rôdée : les GA sont comme les footballeurs ou les acteurs. Ils gagnent trop d'argent, surtout en regard de leurs mérites véritables. Il est vrai que pour un chirurgien, 20 000 euros mensuels, ce n'est pas cher payé en comparaison des 2 millions que touche Zidane!
Il faudrait se demander pourquoi ces amuseurs de la médiocrité ramassent autant d'argent. Je le ferais une autre fois. Pour l'instant, j'en reviens à Arthur. Arthur est le plus riche des GA. En tant que vice-président d'Endémol France, il n'est plus seulement GA. Il est tout simplement GA-GA.
Endémol France, ce n'est pas rien. Arthur pèse plusieurs centaines de millions d'euros, environ 250, tout comme son associé, Stéphane Courbit. Arthur est donc le Grand Businessmann de la télé. Il n'est pas seulement l'animateur le plus con de la bande FM! La connerie d'Arthur est très avisée, très structurée. Arthur est le plus con parce qu'il fait son beurre sur la connerie des gens. Arthur est un con qui a compris qu'il n'était pas besoin de se creuser le crâne pour réussir (en l'occurrence, réussir, c'est faire fortune). Il suffit de laisser parler sa connerie.
Chacun en a de la connerie, et à revendre! La sienne est proverbiale. Quelques bribes de ses mielleuses apparitions et l'on comprend ce qu'Arthur a compris : le but de la vie réside dans les symboles de l'argent : la fortune, la télé, la gonzesse (Estelle Lefébur a eu la bonne idée, avant de succomber au charme légendaire d'Arthur, de profiter des dons musicaux du fils de Johny).
Justement, il manquait à Arthur la reconnaissance artistique. La vraie reconnaissance artistique, il n'est pas prêt de l'obtenir. Il s'en fout! Lui, ce qui l'intéresse, c'est ce qui s'achète. Entre l'argent et l'art, il faut choisir. Arthur a choisi. Il achète. Les dollars de l'art. Pas sur quelques toiles de glorieux défunts portés par la grâce du réel... Non, Arthur décida de lancer une OPA sur un secteur qui permet de se prétendre artiste à bon marché. Un secteur qui rapporte gros.
Il avait les moyens de ses prétentions. N'avait-il pas réussi son entreprise impérialiste sur la télévision? Après les femmes, les émissions, le rire de Farruggia ou la caution de Tchernia, il ne lui manquait plus qu'à devenir humoriste. Jadis, les humoristes étaient des trublions sans prétention. Il prétendait remettre un peu l'ordre établi pour mieux le conforter insidieusement. Aujourd'hui, les choses ont changé. L'homoriste est le penseur officiel des médias. Il est celu qui conteste pour rendre la morale démocratique plus acceptable. En tant que bouffon des bonnes moeurs, il est assuré du beau rôle. Si vous ne me croyez pas, demandez-vous ce que Bernadette Chirac est venu traîner ses guêtres à une telle pantalonnade.
Ce n'est pas parce que Bernadette ramasses les pièces jauanes avec David qu'il faut la sous-estimer. Si Madame, née Chodron de Courcelle, ne présente pas toutes ses lettres de noblesse, elle sait au moins faire la différence entre un opéra de Mozart et une première d'Arthur. Elle a le recul pour savoir que Drucker exagère, à force de se complaire dans l'amabilité lisse et la gentilesse efficace. On suspecte le renard introduit dans le poulailler.
Arthur s'est dit que la facette de comique lui permettrait de rompre avec sa réputation de grand con. A con, con et demi. Il a les moyens de ses lubies. Alors il nous raconte des blagues attendrissantes sur sa mère et se moque de ses régimes. On savait que les humoristes qui se mettent à réfléchir perdent leur sens du comique. Je ne visais pas Dieudonné, mais ce bon vieux Cauet, le double d'Arthur, à défaut d'être son ami. Cauet mange plus de pizza et fait moins de gymtonic. Maintenant qu'il arbore un corps d'éphèbe avec du poil sur le torse, Arthur voit la vie en rose et tient à le montrer à tout le monde - surtout aux caméras. Si les businessmen se mettent à nous arracher des larmes d'hilarité... A quand Jean-Marie Messier sur scène? Un duo Arthur/Pinault? Il faurda demander à Bernadette de s'occuper de la mise en scène : voilà bien longtemps que son mari ne la fait plus rire du tout!

2 commentaires:

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