vendredi, janvier 19, 2007

Le socialisme à visage féminin

Je vais finir par me demander si le socialisme n'est pas une machine politique inventée pour contenter les hommes dans leur besoin d'être dupés. Après quatorze ans de Miterrandie pour qu'enfin advienne le règne d'une France plus juste, voici Ségolène la hautaine, son héritière politicienne. Miterrand s'était fait élire sur un programme dangereux et utopique censé éliminer les inégalités, dont le chômage, et améliorer la fraternité. Pendant deux ans, il mena sa politique archaïque et folle, jusqu'à ce qu'on le ramène de force à la réalité. Rocard l'avait prévenu. En vain.
Ségolène est la candidate socialiste pour 2006. Elle a remporté l'investiture haut la main en écrasant Fabius l'hypocrite, celui qui voulait renouveler le coup de Miterrand et passer par la gauche, et DSK, le social-libéral mou. J'ignore si elle gagnera, mais jamais le PS n'a figuré en si bonne position.
La France a connu deux premiers ministres socialistes de valeur. Le premier, Michel Rocard, était l'ennemi intime de Mitterrand, ce qui est toujours bon signe. Le second, Jospin, connut l'infamie d'un deuxième tour Chirac/Le Pen en 2002. Ce n'est pas que ces deux politiques étaient irréprochables. Mais enfin, ils étaient honnêtes. Miterrand a montré qu'en démocratie, les promesses comptaient plus que les résultats. Après la nomination de Fabius comme plus jeune Premier ministre de la France, l'Hexagone revint dans les règles du marché et les socialistes se chargèrent d'appliquer le libéralisme sans prononcer son nom.
Hypocrisie, hypocrisie! Miterrand aimait les premières : avant de lancer le Premier ministre suicidé de France, il tint aussi à montrer son féminisme éclairé. Ce grand macho ne trouva rien de mieux que d'appeler Edith Cresson comme prétendante. Malgré le pitoyable résultat, l'échec retentissant de Jospin aurait-il rappelé aux socialistes qu'ils n'existent dans le coeur des gens qu'en vendant du rêve? En tout cas, ils ne gagnent les élections que sur la contestation et les promesses de changement. Et, à chaque fois, ils se targuent d'incarner le Progrès pour l'asseoir sur le socle de l'illusion.
Cette fois, le programme socialiste n'est pas la résurgence d'obscures recettes collectivistes dont plus personne ne songerait à contester la nocivité - à part la gauche antilibérale, mais on peut mesurer de son sérieux en rappelant que Michel Onfray en est l'un des porte-paroles éclairés! Le programme du PS est un libéralisme de gauche, que Rocard et DSK baptisent à leur guise social-démocratie.
Le changement considérable et retentissant que le socialisme se targue d'apporter à la France, c'est son candidat, Ségolène Royal. Ou plutôt : sa candidate. Nous l'avons compris : ce qui va changer la France, c'est le fait que Royal soit une femme. Le point fort et la botte secrète du PS tiennent tout entier dans ce sourire arboré dès qu'une caméra s'allume et ces néologismes délicieux qui personnifient au coeur de la langue la révolution en marche.
Peu importe que Royal n'ait pas l'expérience de la haute politique, qu'elle accumule les bourdes diplomatiques, qu'elle se montre cassante et autoritaire dès qu'elle découvre son vrai visage ou qu'elle énonce des balivernes scandaleuses quand elle se pique de changer l'Education Nationale. L'important n'est pas là. Les médias nous relaient le grand matraquage d'automne, d'hiver et de printemps : Royal est une Femme! La première candidate à l'investiture suprême! Le monde va changer avec cette donne exceptionnelle!
On souhaite bien du courage aux conseillers de l'ombre qui seront chargés de piloter le navire français en cas de victoire de la Femme Suprême. Miterrand était un arriviste prêt à tous les mensonges pour accéder au Pouvoir. Royal est la dévalorisation par excellence de la politique. Soit : non pas l'avènement de femmes compétentes dans les plus hautes sphères de l'Etat, mais celui de la people politique. Royal est un désaveu cinglant pour tous les féministes (car il peut y avoir aussi des hommes) qui réclament que les femmes soient évaluées sur leurs mérites. En l'occurrence, le mérite de Royal, c'est d'être belle. Existe-t-il plus cruel rappel de l'adage : "Sois belle et tais-toi"? Les machos politiques triomphent : ils ont réussi à imposer la femme fatale en lieu et place de l'intelligence!
Royal ne serait-elle qu'un homme-sandwich véhiculant au gré de ses pérégrinations minutieusement calibrées l'image du socialisme à la française? On est en tout cas loin du QI de Hilary, dont on notera tout de même que le système médiatique l'a contrainte à de la chirurgie esthétique et un relooking pointilleux... Qu'adviendra-t-il de la politique si Royal est élue? Version optimiste : elle sera un brillant pion dans un échiquier international qui nous dépasse de plus en plus. Version pessimiste : elle contribuera, peut-être de manière décisive, à discréditer un peu plus la politique dans le coeur des Français.

1 commentaire:

voyance gratuite a dit…

Vraiment très intéressant. Bonne continuation à vous !