mardi, janvier 02, 2007

La gauche et le réel

Michel Rocard intervenait ce soir sur Direct 8, une (excellente) chaîne du câble, dans le cadre d'une émission politique. Quand on entend Rocard parler, on ne peut manquer de mesurer la perte que la gauche a encourue en ne soutenant pas ce véritable homme politique, dont le discours se révèle au demeurant dénué de langue de bois. Se rappeler qu'une crapule comme Miterrand arriva au pouvoir en évinçant un homme qui lui était supérieur sur le plan de l'administration politique, de la stratégie, de la compréhension des mécanismes macroéconomiques - et sur celui de l'honnêteté!-, c'est parvenir à un triste constat empirique : la vertu en démocratie est rarement gage de réussite. Il arrive souvent que le plus menteur, le plus roué, le plus madré parvienne à ses fins... N'est-ce pas, Jacques?
Michel Rocard a exposé sa vision du monde en nous faisant l'obligeance de dépasser le (médiocre) débat franco-français pour édicter les vrais enjeux du monde actuel, qui se situent au niveau international. Pour une fois qu'on ne se situait pas dans les polémiques de personnes, dans les débats politiciens, dans la mauvaise foi incoulable, on ne put s'empêcher de penser, en son for intérieur, que Le Pen et d'autres démagogues extrémistes n'en seraient pas là où ils en sont si nos politiques respectaient vraiment les règles de la démocratie.
Rocard a rappelé que le prochain président (pourquoi pas Chirac?) devrait gérer des dossiers extrêmement complexes. Si Royal n'a pas l'expérience, Sarkozy a eu l'outrecuidance de faire allégeance à W., ce qui ne constitue pas seulement une erreur stratégique, mais une faute politique pour un ministre en exercice, même quand il est préposé aux affaires intérieures.
1) Le problème écologique : aujourd'hui que la communauté scientifique reconnaît la réalité de l'effet de serre, il faut agir, et vite. Comme Nicolas Hulot l'a montré, le problème de l'écologie suppose que la conception de l'économie soit profondément changée. Le capitalisme, surtout sous son visage actuel, conduit à l'impasse. Sa réforme passe par un impératif. De maître et possesseur de la Nature, l'homme, ce grand enfant égocentrique, doit apprendre qu'il n'est au centre de rien et que sans son environnement, il disparaîtra. Il ne s'agit pas de faire dans l'alarmisme, mais d'annoncer que le salut des sociétés viendra d'une contrainte extérieure appelée à changer la donne politique. Un nouveau système va voir le jour dans le porchain siècle qui amorcera une rupture profonde avec le capitalisme et le libéralisme. Ce système pragmatique, reconnaissant volontiers (mais non sans cynisme) son imperfection, a visé plus juste que le communsime en faisant de la liberté (et non de l'égalité) la fin de l'homme. Il a juste : oublié l'essentiel : d'y inclure la donnée sans laquelle l'homme est promis à sa perte - son environnement.
2) Les dérives du capitalisme : de toute manière, le problème écologique le montre bien, le capitalisme n'est pas un système pérenne. Si l'on perdurait dans la logique actuelle, l'humanité disparaîtrait dans le proche futur. Il ne resterait à nos enfants que de la fumée et des cendres. Quel égoïsme de la part des grands patrons du capitalisme! Mais je crois que l'essence du capitaliste est foncièrement égoïste et qu'on en mesure les limites : plus valable sur le court terme que le communisme, inopérant en pratique, il n'en suppose pas moins une conception du réel si humanisée qu'elle ne perçoit pas l'essentiel de la relation entre l'homme et son environnement. De toute manière, le capitaliste subit une évolution inquiétante. La mondialisation a engendré une dérégulation qui profite aux prédateurs de la haute finance. Si on laissait ce système s'installer, les pauvres deviendraient de plus en plus pauvres, les riches, de plus en plus riches et les classes moyennes, de plus en plus précaires. Aujourd'hui que la chute de la classe moyenne inférieure vers la clochardisation peut se révéler très rapide, il est temps de rappeler que le capitalisme a évolué vers l'inquiétant. Un chiffre résume la situation : alors qu'autrefois les patrons gagnaient en moyenne 40 fois le revenu de leurs ouvriers, aujourd'hui, le rapport serait de 1 à 400... Cette conception effarante du partage des richesses ne peut que conduire à une destruction du pacte social, qui est, rappelons-le avec Solon, fondé sur la stabilité des classes moyennes et la répartition acceptable des richesses. Ce n'est plus le cas, et pas seulement dans les anciennes colonies d'Occident.
3) Les métastases du conflit israélo-palestinien : alors que depuis soixante ans, ce conflit larvé était circonscrit à la région proche, celui-ci s'embrase. Ben Laden s'empare du problème, l'Iran tient un discours démagogique et habile, tous les acteurs directs sont à bout de nerfs... Les extrémistes sont au pouvoir ou très populaires, ce qui n'est jamais bon signe. La politique catastrophique de W. a abouti au catastrophisme non éclairé : jeter de l'huile sur un conflit qui n'a pas besoin de mauvaises blagues pour dégénérer. Quand les irresponsables entrent dans la danse, le pire est possible.
Dans tous les cas de figure, Michel Rocard a insisté sur le rôle politique (et pas seulement économique, surtout à la sauce anglo-saxonne) que l'Union Européenne est appelée à jouer sur la scène internationale. C'est le seul moyen de peser d'un poids réel sur la mondialisation, en exigeant (et obtenant) des lois internationales appliquées régulant l'économie par la politique et incluant dans le programme de développement la dimension capitale de l'écologie. Les problèmes franco-français sont dépassés, n'en déplaise aux nationalistes bornés, et Pisani a eu le courage d'aborder deux problèmes qui se posent à l'Etat français : l'abandon de l'arme nucléaire pour éviter la prolifération internationale et du siège à l'ONU. Au profit de l'Union Européenne. C'est-à-dire le passage de la nation à l'Union. La mondialisation est à ce prix. On sait désormais où va le monde : soit la barabarie régulée par la sauce anglo-saxonne; soit l'axe humaniste franco-allemand pilotant l'Union européenne. Qui a dit que l'horizon manquait de futur?

5 commentaires:

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