samedi, janvier 06, 2007

Israelgate

Désolé de décevoir les amateurs de subversion, non, je n'aime ni Ben Laden, ni Nasrallah. Je n'aime ni Hussein, ni le roi Fahd. L'Iran, avec à sa tête le président A., organisait une conférence très officielle pour débattre de la Shoah. Les invités de marque étaient des révisionnistes, tendance Faurisson et autres.
Pendant quelques jours, ce fut en Occident un déluge de protestations, d'indignations, de circonvolutions. Le président A. et son régime étaient des monstres sans pitié, des ayatollahs du diable, des menteurs sans vergogne pour nier ainsi la Shoah et ses victimes bafouées !
Pauvre Garaudy, si tu me lis, ne te réjouis pas trop vite. Il n'est pas question de réviser la Shoah. D'abord, ce serait un ignoble mensonge; ensuite, c'est l'outrage que les partisans du système à l'occidentale attendent des esprits critiques et chagrins : qu'ils dérapent et qu'on les discrédite une bonne fois pour toutes.
N'en déplaise à W., BHL et Claire Chazal, la diabolisation de l'Iran me laisse songeur. Elle m'évoque la diabolisation de Saddam, qui autrefois recueillait les louanges unanimes quand il faisait le jeu de l'Occident. Demandez leur avis à Chirac et aux porteurs de valises que chacun connaît...
Si l'Iran est diabolique, Israël l'est aussi. C'est de la bonne logique, de la déduction impitoyable. Si A. incarne le Monstre quand il propose de rayer Israël de la carte, Israël se fait Ogre quand il envoie ses chars à Gazza et laisse le pleuple palestinien aux mains des pervers du Hamas.
Hurlons-le haut et fort. C'est au nom des principes qui découlent de la Shoah qu'il faut clamer cette vérité ignorée des cyniques : le supplice qu'endure le peuple palestinien n'est pas tolérable. Jamais le Hamas n'aurait reçu l'honneur d'élections démocratiques et triomphales si les martyrs des territoires occupés avaient été traités dignement.
Pourquoi l'Occident a-t-il octroyé un territoire aux Juifs? L'histoire est complexe, je sais! Néanmois, il est permis de répondre à cette terrible question : l'Occident fut coupable d'antisémitisme récurrent, d'abord contre le peuple déicide, puis contre le peuple d'Auschwitz. Aujourd'hui, l'Occident est doublement coupable : en laissant dépérir les Palestiniens au sortir de leur décolonisation, l'Occident a montré le mépris qu'il vouait aux peuples sans valeur matérielle. L'Occident a fabriqué une victime de plus pour réparer les dommages inexpiables qu'avait subis d'autres victimes. La colère du monde arabe est excessive et souvent outrancière; elle n'est jamais illusoire.
Dans le drame que vivent les Palestiniens, les principaux responsables de leur terrible misère sont les dirigeants des pays arabes, qui se sont signalés par leur lâcheté et leur bêtise. Il n'est plus temps de militer contre Israël ou de se signaler par des positions antisionistes aux forts relents antisémites. Il est temps de rappeler à Israël qu'un Etat créé dans les conditions si particulières où il vit le jour ne peut se permettre de se comporter comme il se comporte à l'heure actuelle. Un jour, l'histoire notera que les enfants de la Shoah (pas tous, bien entendu, car les justes parsèment le monde!) laissèrent prospérer un calvaire à leurs portes, quand ils ne l'encouragèrent pas.
Tout intellectuel juif qui se fait entendre dans les médias est disqualifié et nauséabond s'il ne rappelle pas cette vérité évidente comme le bon sens : les Palestiniens en tant que peuple paient les pots cassés à l'instauration d'Israël. Faut-il déshabiller Paul pour rhabiller Jacques? Avant d'ajouter quoi que ce soit d'autre, tout intellectuel juif devrait rappeler l'ignominie sans nom des colonies, des territoires occupés et des chars exterminateurs.
C'est ce que soutenait le grand Yeshayahou Leibowitz. Avant de mourir en 1994, cet authentique disciple de Maïmonide eut le temps de clamer que "l'occupation détruit la moralité du conquérant". Il soutenait de ce fait les objecteurs de conscience refusant de servir dans les territoires. Comme tous ceux qui énoncent la vérité, Leibowitz connut les persécutions. En l'occurrence, ce fut Yitzhak Rabin qui s'y colla. Lors de la polémique que souleva sa nomination au prix Israël en 1992, le chef du gouvernement alla jusqu'à refuser de participer à la cérémonie de remise du prix. Finkielkraut n'est malheureusement pas Leibowitz. Il dirige de brillantes conversations sur France Culture.
Le Grand Israël et les colonies ne sont pas seulement le scandale moral auquel s'abeuvent tous les révolutionnaires et les extrémistes du monde (et pas seulement du monde musulman!). C'est le fiasco de notre époque. Les dirigeants israéliens qui ne militent pas pour la création de l'Etat de la Palestine sont des traîtres à Israël. Quant à ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme, ils savent à quelle injustice s'attaquer en premier lieu pour prétendre à la franchise. Chaque Palestinien qui souffre est un frère du capitaine Dreyfus, un petit-fils de Drancy et du Vel d'Hiv. L'histoire comporte des répétitions sinistres.

2 commentaires:

voyance par mail gratuite a dit…

Merci pour tous ces partages, je vais essayer de les appliquer !

Unknown a dit…

En voilà une bonne idée de futur article en effet On lit un peu tout et parfois son contraire sur le sujet !
consultation voyance gratuite