dimanche, janvier 14, 2007

Eloge de la modération

Le système détient le moyen d'amenuiser la démocratie - alors qu'il aurait fallu l'asseoir. Il crée des opposants à sa mesure, tous moins crédibles les uns que les autres. Une fois lâchés en pâture aux chiens de la meute médiatico-politique, le résultat ne se fait pas attendre. Les impétrants se font écharper tôt ou tard.
Quel indice mesure la forme du géant au pied d'argile qu'est l'Occident ? La santé de ses opposants! En ce moment, les opposants se portent bien. Ce n'est pas bon signe pour la forme du système. Tous ceux qui sont classés comme extrémistes prennent du galon. Face à Besancenot ou Marine Le Pen, les représentants du système démocratique éprouvent de plus en plus de mal à cacher les grosses ficelles de leur hypocrisie. Le système de la transparence dont ils se réclament les contraint à s'appuyer sur l'honnêteté publique alors qu'ils pratiquent les privilèges et les prévarications. Dans ses Pièces morales, Clément Rosset a raison d'indiquer que Jean-Marie Le Pen n'incarne jamais que la caricature moraliste des politiciens au pouvoir.
Quand les électeurs, lassés, se rendirent compte que Miterrand les avaient dupés avec un socialisme qui n'en avait que le nom, ils se retournèrent sur le passé de leur chère Cinquième République. Quoi? Etait-ce possible? Ils avaient en 1981 contré le choc pétrolier en installant au pouvoir l'incarnation de l'espoir - et l'espoir se révélait sous sa face réaliste? Il n'existait aucun espoir que Mitterrand change la face de la France ni du monde! Miterrand les avait-il bernés?
De dépit, ils se retournèrent vers Chirac. En pure perte. Blanc bonnet et bonnet blanc ne sauraient influer sur un système qui les dépassait de très loin. En 2002, leur message d'alerte exprima la déception des trahis. Le Pen aux dépens de Jospin! Chirac n'en tint pas compte. Malgré le non à l'Europe. Malgré la crise du CPE.
Aujourd'hui, on prie pour que Le Pen ne figure pas au deuxième tour de la présidentielle, après s'être moqué des Autrichiens ou des Italiens dans un proche passé.
On a beau savoir que la France ne pèse que d'un poids moyen dans l'économie mondiale (tout un symbole : pourquoi ne parle-t-on pas de la politique mondiale), elle est représentative des dérives de la mondialisation en tant que figure de proue de l'impérialisme occidental (ne pas oublier l'esclavagisme et le colonialisme dans lesquels elle prit une part non négligeable). Comme toutes les nations issues de l'esprit grec, son âme recèle cependant une autre donnée que l'imperium romain : l'esprit de la conversatoin, tel qu'on le pratiqua dans les meilleurs cours d'Europe au dix-septième siècle (son âge d'or). Les Français se disputent plus qu'ils ne discutent, mais ils disposent d'un solide esprit critique qui les empêche d'entériner tout de go les billevesées que leurs brillants dirigeants leur vendent comme les pépites de la modernité.
Les extrémistes de tous poils n'ont aucune peine à fustiger les mensonges des partis au pouvoir. La dérive du système remonte aux prémisses de la mondialisation. La duperie qui permit aux contestataires adeptes de la violence comme remède de ratisser de plus en plus de mécontents coïncida avec la vague néo-libérale qui envahit la planète, laissant croire que la seule alternative au communisme moribond résidait dans la primauté de l'économique sur le politique. Le réalisme revendiqué contre l'idéologie destructrice cache en réalité dès les germes l'apologie de l'Idéologie Unique contre ses rivales.
Les vieux concurrents n'en demandaient pas tant. Face aux mensonges de plus en plus grossiers et évidents des hérauts de la démocratie autoproclamée, les vieux totalitarismes ressurgissent, n'ayant aucue peine à surfer sur la vague des révoltés et des exclus. Désormais, la vieille Europe tremble de faire les frais de la mondialisation ultralibérale. Quant aux autres peuples, ils se taisent, conscients qu'ils n'ont rien à perdre et tout à gagner sur le court terme.
Le désespoir profond que l'on nomme nihilisme tient précisément dans l'absence d'alternative que l'on sert comme argument imparable à l'apologie de l'ultralibéralisme. L'électeur des démocraties a été éduqué pour recevoir du Bonheur sans s'impliquer dans la vie publique. Ne pas s'engager, être dénué d'opionion, regarder la télé et faire des enfants - surtout, faire des enfants.
Le système se prétendait bienveillant tant qu'il trouvait en face de lui la menace communiste et qu'il devait mettre de l'eau dans son vin. Désormais qu'il a les coudées franches, il se moque de l'eau comme d'une guigne.
L'intérieur et l'extérieur. L'homme a besoin d'un extérieur pour donner du sens et de l'équilibre à son intérieur. Avec la chute du communisme, l'Occident a perdu sa limite extérieure. Du coup, il se cherche des ennemis. En ce moment, ce sont les islamistes, mais je doute que les islamistes ressemblent au monstre annoncé. Ce sont au mieux les enfants de la désespérance.
Du coup, la mondialisation ressemble à une course folle sans aucun but, maintenant que les moyens ont pris la place des fins. Le système survit en se dévorant. Le système qui prétend à la démocratie présente un désir totalitariste fort : permettre l'enrichissement massif d'une minorité sur le dos de la majorité, avec l'appui d'une partie de la classes moyenne supérieure. L'intérieur et l'extérieur ne font qu'un. La démocratie d'Occident soutient les dictatures dans le restant du monde et encourage les paradis fiscaux. Le système, loin d'être au service de la démocratie, utilise la démocratie comme un paravent pour sa campagne souterraine. Les peuples dominants ont quelques libertés en échange de leur consentement. Quant aux dominés, ils n'ont qu'à bien se tenir!
Avec la mondialisation, après s'être moqué des quatre cinquièmes de la planète, le système plaide pour l'équilibre des richesses au nom de la morale. Les pays pauvres n'ont pas à se plaindre puisqu'ils s'enrichissent. Les pays riches n'ont pas à se plaindre de leur opulence relative. Les gagnants sont les financiers. Les perdants, les peuples. Comme d'habitude.
Pour changer, il faut restaurer l'intérieur et l'extérieur. Comment retrouver un but véritable? L'économique n'est que le moyen du politique. Sa suprématie actuelle montre que l'humanité se cherche des fins. En crise de sens, elle ne croit plus en des dieux ou des idéaux. Tous les espoirs se sont effondrés à mesure que les utopies qui les portaient se révélaient illusoires. L'homme est-il promis à a lmorosité version Houellebecq? Rien n'est moins sûr... Il arrive que les catastrophes annoncent des lendemains qui chantent. L'inverse est vrai également. La chute du communisme fut célébrée comme l'avènement d'une ère nouvelle, où la liberté et la prospérité triompheraient. On voit le résultat.
Les problèmes écologiques qui s'annoncent sont une aubaine pour restaurer un but véritable. Si l'humanité poursuit sa course folle, elle est appelée à disparaître. Trois cents ans ne sont rien à l'échelle de l'histoire de la vie! L'homme serait-il dominé par les pulsions suicidaires? Je ne le crois pas. Sa face sombre, empreinte de violence et de destruction, prend le pas chaque fois que l'homme n'assigne pas à son désir une fin. Aurait-on oublié la face lumineuse de l'homme? L'homme est l'animal le plus créatif, le plus capable de s'adapter à son environnement et de suivre les caprices de l'évolution.
Le péril écologique est la fin qui le sortira de l'ornière dans laquelle il s'est engagé depuis vingt ans. Comment installer l'humanité dans des conditions qui lui permettent de vivre sans encombre majeure? Telle sera la tâche du prochain millénaire. Le nouveau dieu que réclamait Heidegger est à ce prix.
Pour contrer les dérives du système, il n'est pas besoin de recourir aux extrémistes de l'obédience totalitariste. La remise en cause du système n'est pas soumise à l'alternative diabolique de la realpolitik. Soit le mauvais ou le pire. L'homme n'est pas contraint de courber l'échine en optant pour le pire à défaut de l'utopie. Le règne de la perfection n'est pas près d'advenir. Celui du changement est programmé.
Heureusement, l'alternative entre l'ultralibéralisme et le totalitarsime classique n'existe qu'à l'intérieur de la bulle dans laquelle nous enferme le système pour nous empêcher de nous déterminer. En réalité, l'alternative au mauvais n'est pas le pire (soit, sous sa formulation utopique, le meilleur). C'est la modération.

5 commentaires:

rosi a dit…

Merci beaucoup pour ce site et toutes les informations qu’il regorge. Je le trouve très intéressant et je le conseille à tous !
Bonne continuation à vous. Amicalement

voyance gratuite en ligne par mail ; voyance gratuite

voyance en ligne email a dit…

Je suis tombé sur ton site depuis un retweet, donc j’interagis et je met des commentaires quand cela m'interpelle et que ça en vaut la peine.

Unknown a dit…

Tres bon article, ca fait plaisir de lire ce genre de site! bonne continuation.
voyance gratuite par mail

rosy123 a dit…



re bonjour,
je viens de parcourir une grande partie de votre site... une merveille !!! merci d'exister
voyance mail gratuit

Julia a dit…

Je suis vraiment fière de vous découvrir, votre blog est vraiment super ! J’aime bien son interface, et j’ai trop adoré le contenu aussi. Surtout continuez ainsi !

Voyance en ligne gratuite et sérieuse