Zidane la canaille

Après les envolées lyriques grandiloquentes d'un Nabe, discernant avec sa lucidité coutumière dans Zidane la racaille le héros redevenu humain le temps d'un coup de boule salutaire, Zidane doit faire face aux rumeurs de liaison avec une chanteuse et de dopage (celles-ci récurrentes). La roue tourne, surtout quand on a obtenu l'appui délirant de Chirac sur le parvis de l'Elysée. Pour Zidane, tout est permis, coup de boule compris.
Pendant longtemps, Zidane fut notre Intouchable - avec Noah. En plus champion. Noah ne pensait qu'à festoyer et à fumer des joints. Malsain. Zidane avait un sourire timide et désarmant, qui faisait oublier la stupidité de ses propos dès qu'il prenait la parole. Avec Noah, le pubic tenait son (demi) Noir de façade. Avec Zizou, son Arabe de service. La France du foot faisait son beur de ce technicien hors pair, à tel point qu'il fut prestement sanctifié au sortir de sa Coupe du monde 98 ratée. Il faut dire qu'il avait eu la bonne idée de mettre deux coups de tête en finale (un de plus qu'en 2006).
Zidane plantait six malheureux buts tous las ans, loin du rendement des grands numéros 10 du ballon rond? Qu'importe! Il était temps de célébrer le Meilleur Joueur français du Monde. La Zizoumania continue de déferler. Les gamins du Tiers-monde tiennent leur idole d'origine africaine, lisse et reconnu par l'Occident si jalousé.
Lézarde en 2006 : le coup de boule sur un provocateur italien révéla que le gentil Zizou était un homme impulsif et violent, coutumier des expulsions directes. On essaya de sauver les apparences en prétextant que l'essentiel de la faute revenait au provocateur-vainqueur, ce sale Rital tchatcheur et insulteur. On invoqua des mots graves touchant à l'honneur, la famille, la tribu, voire la géopolitique. Quel crime que d'avoir traité un Arabe de terroriste à quelques minutes de la fin d'un match de cette importance ! La traduction de l'échange s'avéra terrible pour notre héros : les deux hommes s'étaient échangés des insultes de gamins des rues. Zidane n'avait aucune excuse pour expliquer son geste - on le savait déjà.
Zidane n'est pas un héros. Pas plus qu'une racaille, si tant est qu'il l'ait jamais été. Entre la grandeur d'un Achille et les tribulations de ce chauve plumitif, il y a un pas que l'on ne franchit pas impunément sans signaler le délabrement de nos idéaux. En comparaison d'Achille, Zidane ne vaut pas mieux qu'une tortue. A moins qu'on ne le rapproche de l'abbé Pierre. D'ici à ce que le Saint Kabyle ne nous fasse une sortie antisémite, il y a un pas que l'on n'espère pas franchir! En attendant, il cultive son consensualisme avec ses spin doctors (qui ne s'activent pas qu'au chevet de nos politiciens) et le concours de Franck Riboud, le patron de Danone. Zidane aime tellement les enfants qu'il mérite bien une médaille en chocolat. ELA, il l'a! Surtout, par pitié, surtout ne pas révéler pas que le champion est dopé et qu'il a participé aux manoeuvres de la Juve de Lippi avec son ami Deschamps, avant que Lilian ne vienne y mettre son grain de sel, en compagnie de Capello (depuis, Thuram a rejoint le Barça, dirigé par Rijkaard).
J'ai compris qui était vraiment Zidane en parcourant un jour son site. Une perle de langue de bois et de célébration. J'avais certes des doutes sur la véritable teneur de sa personnalité unanimement encensée depuis que j'avais appris son amitié avec Dugarry. Non que j'aie participé au phénomène de bouc-émissaire qui voulut que des deux amis, l'un fut sanctifié et l'autre vilipendé. Dugarry n'était pas une nullité, pas plus que Zizou n'était un génie du foot. L'un était un excellent footballeur international quand l'autre représentait quand même un très bon attaquant du championnat de France. Mais Dugarry affichait une morgue insoutenable.
Ce jour-là, donc, je découvris que Zidane rendait hommage à Virenque pour sa retraite bien méritée et sa carrière si brillante. L'hommage d'un dopé à un dopé? D'un sportif qui savait tous les sacrifices qu'implique la pratique d'un sport médiatique au plus haut niveau? Je n'ai jamais tranché entre mes prémonitions, mais j'ai compris que la face solaire tant vantée par les médias abritait le mensonge et l'hypocrisie. De ceux qu'on réserve d'ordinaire à la canaille.