mercredi, décembre 27, 2006

L'éternel libéralisme

Ca y est, on tient le cynisme moderne! Non pas que le mouvement incarné par Diogène et quelques condisciples connaissent une quelconque descendance philosophique; simplement, les bénéficiaires (très relatifs) du système nient ses dérives, les inquiétudes qu'il suscite et se retranchent derrière l'argument impayable.
Aucune contestation ne serait possible, puisque seul le Modèle Unique serait valable : celui à l'oeuvre comme par hasard. Déjà, ce type de discours n'est jamais défendu que par ceux qui y trouvent leur intérêt. on serait en droit d'attendre de ces heureux bénéficiaires qu'ils regardent autour d'eux et qu'il prêtent attention à ma détresse de certaines classes. A ce que je sache, d'autres modèles sont à l'oeuvre dans le monde et tous prétendent incarner le Bon Modèle. Comment dénouer le bon du mauvais? Ainsi, l'islamisme ou des modèles traditionalistes se présentent comme les bonnes alternatives dignes d'apporter plus de bien-être. Les démocrates seront loin d'approuver.
Il est curieux de prétendre que l'alternative est vouée au pire ou à l'utopie. Le changement est possible et les sociétés humaines n'ont pas toujours vécu sous un régime capitaliste ou libéral. Ce serait faire preuve d'une lecture historique très courte que de soumettre les errances de l'humanité à quelques siècles - les derniers. Ce n'est pas parce que le communisme s'est effondré que le libéralisme est l'horizon indépassable de la société humaine. Après tout, le libéralisme n'a pas plus de trois cents ans. On trouvera sans doute d'autres manières de voir le monde d'ici trois cents ans.
C'est un effet pervers de l'effondrement du communisme que d'avoir sapé l'imaginaire humain en laissant s'installer le fatalisme contraint. Il est capital que d'autres modèles voient le jour, proposent des critiques et des orientations différentes. Le système menace de devenir totalitaire s'il prône la pensée unique. Le vrai ennemi du système réside dans les dérives du système. Un système qui ne connaît pas la contestation devient ipso facto d'essence totalitaire.
Il est non moins important de rappeler la primauté indépassable du politique sur l'économique. La mondialisation menace d'emporter le droit sur le chemin de l'effondrement des frontières. Des lois internationales doivent répondre à l'internationalisation de l'économie.
L'inquiétude qui étreint le monde à l'heure actuelle n'est pas une inquiétude antilibérale contre le Progrès ou l'évolution de la société. L'antilibéralisme n'a effectivement pas de valeur dans la mesure où aucun autre système plus viable n'existe. A vrai dire, à part le libéralisme, nous ne disposons que de régimes liberticides et totalitaires.
Si, comme Revel le rappelle, le libéralisme n'est pas une idéologie a priori, mais un système pragmatique, le libéralisme n'est pas pensée unique (au contraire de ce que prétendait le communisme, dont on sait pourtant qu'il fut pluriel), mais un bouquet d'alternatives reposant toutes sur l'idée que la fin du politique réside dans la liberté. Il n'existe pas un, mais plusieurs libéralismes. La critique est inhérente au libéralisme conséquent, au contraire du communisme qui prétendait détenir d'entrée la vérité et l'imposer par tous les moyens. L'on est en droit d'attendre du libéralisme qu'il manifeste un souci de justice sociale et que la dérégulation n'aboutisse pas à l aloi du plus fort. Entre l'égalitarisme et l'inégalitarisme, il existe plusieurs chemins praticables! A entendre certains discours, on a l'impression que la critique est toujours réductionniste, simplificatrice et qu'il faut accepter l'injustice du monde... Voilà une curieuse rhétorique, qui tend à l'inverse de ce qu'elle prétend - défendre la liberté contre le totalitarisme.
Le péril qui guette le monde émane de la mode ultralibérale qui s'est emparée de la mondialisation. Le libéralisme classique supposait un Etat fort pour garantir la liberté des individus. La propriété individuelle n'était possible qu'à condition que certains systèmes de régulation existent. La mondialisation a considérablement minimisé l'efficacité des lois nationales qui régulaient l'économie et empêchaient le règne sauvage du profit. Où sont les lois internationales empêchant les délocalisations abusives, la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux ou les législations prenant la défense du droit des travailleurs?
Au passage, la mondialisation fait apparaître l'hypocrisie des démocraties occidentales qui se gardaient bien d'appliquer leurs Principes Immortels en dehors de leurs frontières et qui se trouvent placés devant leurs compromissions et leurs soutiens inavouables aux totalitarismes étrangers. Certains arrangements deviennent à la longue plus pernicieux que le courage immédiat...
Je crois que la folie du communisme a donné le prétexte à certains tenants de la liberté absolue et du laissez-faire intégral de discréditer le principe de la régulation. On sait pourtant à quoi s'expose la liberté absolue : le totalitarisme déguisé sous une forme ou une autre. L'étendard de la liberté absolue est invariablement brandi par tous les ennemis de la liberté qui rêvent de détruire les limites permettant son existence.
A l'heure actuelle, le système qui préside à la mondialisation pose deux problèmes.
1- Celui de la démocratie. Guy Sorman lui-même, grand libéral devant l'Eternel, dénonce le désir de certains dirigeants de se passer de la démocratie pour aboutir à un capitalisme totalitaire, dont de nombreux pays offrent aujourd'hui le visage inquiétant, à commencer par la Chine. Il est facile de se réfugier derrière l'argument selon lequel les Chinois vivraient en moyenne mieux depuis l'avènement du capitalisme d'Etat. Curieuse manière de laisser entendre que le totalitarisme capitaliste, bien que terrible, est préférable au totalitarisme communiste, celui-là apocalyptique.
Le risque à l'avenir ne consiste nullement dans un retour du communisme, suffisamment discrédité, mais dans dans la tentation du totalitarisme à visage capitaliste. La démocratie est certes imparfaite, mais elle garantit la liberté individuelle, là où le totalitarisme même éclairé prétend imposer ses vues pour le Bien du peuple.
2- Celui de l'écologie. L'écologie est un problème trop sérieux pour le laisser en pâture aux gauchistes extrémistes et utopiques des pays occidentaux. Il constitue un vrai problème politique qui transcende les clivages traditionnels. Il permettra peut-être de mettre un terme à un certain consensus politique qui tend à faire de la politique un carcan stéréotypé.
Les problèmes écologiques auxquels se trouve confronté l'homme montrent l'absurdité d'un système dans lequel la fin est l'enrichissement comme credo de la puissance personnelle. Au final, ce système accélère la destruction de l'environnement sans lequel l'homme ne peut subsister! Accepterait-on qu'on perdure dans cette fuite en avant au motif qu'il s'agit de la seule option dont on dispose?
L'intelligence commande de répéter que l'économique est un moyen capital (sans vilain jeu de mots), mais que le politique prédomine toujours là où l'homme, la vie et le réel ne sont pas réductibles à une quelconque valeur. Parier sur l'intelligence n'est certes pas un credo alarmiste ou pessimiste qui convient aux attentes d'apocalypse des nihilistes. J'espère qu'il ne s'agit pour autant pas d'une vision optimiste et complaisante sur le visage véritable de la comédie humaine.

4 commentaires:

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