dimanche, décembre 24, 2006

La démagocratie

Le système démocratique ne s'est appelé tel qu'en opérant une castration de première importance : il a prétendu doter le citoyen de l'Arlésienne du Bonheur, sorte d'Amélie Poulain des fées politiques. Las! un hic demeure. Le Bonheur est l'idéologie de pacotille qui s'est substituée à l'égalitarisme, le racisme et autres billevesées impayables. Car le Bonheur suppose en son fondement la privation de la puissance.
Les puissants de ce monde, car il faut bien qu'il en existe, même dans les démocraties, octroie à l'homme le consumérisme en échange de son adhésion quelque peu contrainte à leurs principes. Un peu comme Faust, l'homme moderne jouira à condition qu'il paie l'addition finale. Et la note coûte bien plus cher que la valeur échangée. Il n'est pas suffisant de passer à la caisse. Encore faut-il, aussi, passer à la casse.
L'addition, en l'occurrence, c'est le bonheur limité, contraint, toujours menacé. L'usager a si peur de le perdre qu'il se montre capable des pires compromissions pour le garder. Tant que l'espoir de sa jouissance lui est assuré, il est maintenu dans les rails du contentement impuissant et satisfait.
L'homme moderne est l'Amélie Poulain sans la puissance. J'ai toujours discerné dans Amélie Poulain l'expression cinématographique de la décadence de nos sociétés. Son succès planétaire ne trompa pas. Ce film avait quelque chose de pertinent pour parler au coeur des gens! Le bonheur controuvé crève à chaque image. On a intentionnellement retouché la couleur pour lui donner la connotation pub tant attendue. Djamel Debouzze vend des fruits à l'étal du marchand de légumes. Amélie sourit. Ca sent le Maréchal et annonce Ségolène. Le fascisme est dans le bonheur, le totalitarisme de demain sera enrobé d'un sourire écologique!
Pendant ce temps, les petits malins au pouvoir, lestés de leur gage de bonne volonté envers la populace, se frottent les mains. Auparavant, les hommes de pouvoir, c'était les hommes politiques. On en raconte de belles sur les frasque de VGE, de Mitterrand ou de Jacquot le Fripon. L'appétit de femmes indéniable des politiques témoigne de leur appétit de pouvoir. Les femmes comme objets de conquête expriment la puissance. Le polygame avait d'autant plus de femmes qu'il avait de pouvoir. N'allons pas chercher plus loin.
Je me demande si cette séparation n'est pas la conséquence de l'ancienne distinction ontologique qui permettait à l'homme de vivre dans une certaine harmonie, entre deux irruptions de violence incontrôlée et prévisible. Le pire ennemi de l'homme, c'est de ne plus en avoir. S'il n'y a plus de différence entre le monde de l'homme et le monde tout court, l'homme a perdu son principal ennemi et le principal exutoire à sa violence. La Nature sert les desseins de cet exutoire. Sans extérieur, l'homme perd son intérieur. Il n'est plus dans son élément.
La démocratie moderne rétablit la distinction en séparant la puissance aristocratique du bonheur populacier. A Mitterrand la puissance pendant qu'on laissera croire aux électeurs ébaubis qu'ils ont voté pour l'incarnation du Progrès. Aujourd'hui, le capitalisme a si bien progressé dans sa lutte pour se faire admettre comme fin que les politiciens (tous ceux qui poursuivent le pouvoir pour un peu de puissance...) sont les financiers de la mondialisation. Les vrais maîtres du monde sont-ils encore visibles?
Le pouvoir aurait-il perdu son symbolisme pour ne plus représenter que la pure abstraction de l'Argent?
La mort trouble du banquier ami de Sarkozy, l'héritier de la famille Stern, le gendre du patron de la banque Lazare, suffit à illustrer la nouvelle ligne de partage qui secoue le monde : non plus l'homme et la nature, non plus le bonheur et la puissance, mais l'argent et les objets. L'argent n'achète que des objets. Le vivant n'est pas réductible à de l'argent. Malheureusement pour les tenants de la finitude, Stern a été retrouvé dans son somptueux appartement parisien, le corps criblé de balles, encore enserré dans une combinaison de latex. Quelle mort déshonorante pour celui qui ne rêvait que de strass, de conquêtes et de succès ! Stern s'adonnait à une partie SM avec sa maîtresse. Stern avait plusieurs maîtresses. Les autres étaient avocates ou mondaines versées dans les affaires. Stern emmenait celle-là à la chasse au Kenya et s'amusait avec elle.
La call-girl, effective ou traitée comme telle, n'aura pas supporté. Enfin, c'est la version officielle. Quand les langues se délient, on entre dans un autre monde, où l'argent ne s'acquiert pas par poignées sans quelques radicales et définitives compromissions. Qui a regardé l'Associé du diable? Ce n'est pas un grand film, mais il est largement meilleur qu'Amélie Poulain. Stern pourrait y jouer. Je le verrais dans le rôle de l'associé. D'un des associés. Le genre à se croire le plus fort et à se griser de ses succès sans comprendre qu'il ne maîtrise rien et qu'il se fera bouffer tôt ou tard.
Où l'on voit que les amis de Sarko ne sont pas toujours fréquentables. On le savait de Steevie B., de Doc G. ou de Johny H., on le sait maintenant d'Edouard S. Où mène la vie de rêve, de golden boy, de faiseur de miracle de la haute finance? Stern craignait depuis quelque temps pour sa vie et portait sur lui un pistolet. Stern aurait perdu un enfant d'une liaison douteuse et dans des circonstances douteuses. Stern agissait dans l'ombre guidé par une seule morale : faire le plus d'argent possible.
Il serait possible que des ennemis de la haute finance ait maquillé le meurtre vengeur du banquier beau, riche et arrogant en règlement de comptes sordide. Cette pratique serait courante. Jean-Louis Gergorin, le tortueux bras droit de feu Lagardère, n'a-t-il pas soupçonné certaines mafias russes d'être à l'origine de la mort subite et suspecte de son patron? Lagardère n'était-il pas un marchand d'armes? Gergorin était-il un imbécile paranoïaque ou le subtil et retors espion vanté de toutes les centrales d'Etat depuis sa sortie de Polytechnique?
Quoi qu'il en soit de la mort de Stern (et de celle de Lagardère), si tu ne vas pas à la haute finance, la haute finance viendra à toi. La leçon de cette histoire, c'est que l'Argent conduit à la mort et la mafia. La mafia n'est pas seulement l'héroïne de tous les thrillers américains. Elle incarne la dérive de l'Argent, qui suppose qu'on soit au-dessus des lois et que les lois servent au final ses intérêts.
On sait comment finit Al Pacino dans Scarface. On n'est pas obligé d'admirer les anciens et les nouveaux rois du pétrole. Les anciens seraient à l'origine des attentats du 11 septembre, les nouveaux rachètent les clubs de foot anglais quand ils ont l'heur de plaire à Poutine.
L'avènement au faîte de la gloire des financiers annoncent l'emballement de la mondialisation vers son véritable but : réduire le monde à un gigantesque échange d'argent. On est loin des promesses culturelles. Dans ce système, les intellectuels, loin de Voltaire, finissent BHL, les écrivains Bret Easton Ellis et les sulfureux Salman Rushdie. De quoi réhabiliter de toute urgence le Divin Marquis! N'avait-il pas raison de prôner la violence puisqu'elle finit toujours par revenir, dans un emballement cyclique et menaçant? Tout le reste lui sera subordonné puisque tout est achetable et divisible.
Vivent les putes, les femmes n'existent plus! Les Libériens en savent quelque chose. Les îlots de résistance seront forcément contrôlés par des extrémistes réactionnaires, façon religieux monothéistes ayant le mauvais goût de rappeler la valeur sacrée de la vie et du réel... Hors de ces havres totalitaristes de résistance, l'homme travaillera comme un dopé pour enrichir les bourses de quelques élus, profitant de l'aubaine avant d'être dézingués l'air de rien, d'un infarctus salutaire ou un virus foudroyant.
Oh, et puis non! Le catastrophisme tant annoncé par Sollers et la Compagnie des nihilistes n'aura pas lieu. Ces velléités sont trop extrémistes pour posséder quelque valeur. L'homme embarqué dans la mondialisation rétablira in extremis l'équilibre. Entre-temps, tout ne sera pas rose, mais les admirateurs de Stern et de Poutine n'auront pas le dessus. Ne leur en déplaise, le monde n'est pas noir - il est gris!

2 commentaires:

etoile0045 a dit…

Très heureux de voir votre nouvel article, merci pour le partage de cette information utile. Thème, une idée, la lecture, et ce qu'ils voient, à chaque fois que le sentiment n'est pas le même.


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rosy123 a dit…

J'espère longue vie à votre site. Surtout ne vous découragez jamais

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