samedi, mars 17, 2007

Telle mère, telle fille !

Episode 3.

De l'eau a coulé sous les ponts. Le fils n'en peut plus, il est à bout. Il décroche son téléphone et appelle le seul qui puisse l'écouter. Le confident ultime. Les autres amis ne lui prêtent plus attention depuis longtemps. Celui-là possède encore le sens de l'amitié - ou sa naïveté déconcertante. Le fils s'est fait plaquer. Après la copine innocente et jolie, celle qui ne veut plus parler de lui, le fils a bien essayé de jouer les séducteurs avec les quelques bambinettes qui rêvaient de sortir avec lui du fait qu'il avait une copine. Le mimétisme classique. Le grand jeu médiocre du désir, dans lequel se complaisent les fils et filles de nantis qui s'estiment loin des lois de la Nature.
C'était prévisible : ça n'a pas marché! Il est trop insolvable, trop égoïste, trop détraqué. Il aurait pu s'enfoncer dans la solitude suicidaire ou l'auto-analyse. La remise en question salvatrice? Il n'a rien trouvé de mieux que de sortir avec la meilleure amie de son ex. Enfin, la meilleure amie... En un sens, oui. Dans un sens bien compris. Celle qui passait souvent parce qu'elle tombait pour lui. Elle n'est pas vraiment belle. C'est le moins qu'on puisse dire. Elle connaît la chanson!
Avec son nez en patate et son air effronté, elle ressemble à une harpie que la féminité aurait désertée. Elle est maigre, presque malingre. Sont-ce là les qualités qui ont séduit le fils? Ou sa familiarité (tré)passée avec celle qu'il aimait? Mais il n'a jamais aimé personne, le pauvre déshéritée de la vie! Il n'est capable que de détester avec talent! Il va répétant que son ex est une conne qui ne méritait pas sa compagnie.
S'il aime la nouvelle, c'est qu'elle lui rappelle irrésistiblement l'Aziza. Une Beurette qui lui donne la touche d'exotisme dans sa vie de misère (affective)? Le cas est un peu différent. L'Aziza ne te veut pas si tu veux d'elle. Comme son identité se résume à être de nulle part, l'Aziza vit de haine. Elle déteste la France, elle déteste son père, elle déteste les femmes, elle déteste la vie. Elle n'adore qu'Allah, mais seulement parce qu'Il est le Grand Absent et qu'elle a trouvé dans les préceptes théologiques de l'islamisme rampant les élucubrations en mesure de justifier sa haine viscérale.
C'est aussi ce qui a attiré le fils. Lui qui faisait souffrir sans espoir de trouver un point d'attache, a changé de tactique et de fusil d'épaule. Désormais, il souffrira aussi. Les autres vous quittent, mais on ne peut se quitter soi-même. Du coup, devant tant de zèle, l'Aziza s'est déchaînée. Elle a montré qu'en matière de perversité, elle pouvait faire aussi bien que son rival mâle.
Sa tactique est simple : s'appuyer sur la justification morale pour justifier le moindre de ses caprices. N'importe quel individu normalement constitué l'aurait envoyé balader séance tenante. Une pimbêche revêche, c'était au-dessus du concevable! Le fils s'est accroché. Plus elle le faisait souffrir, plus elle lui rappelait sa mère. L'Aziza était le seul moyen dont il disposait pour s'en débarrasser et la remplacer par son double rampant.
Il ne s'est pas privé de l'aubaine. L'Aziza non plus. Elle a affiné son refrain repassé. La Religion est son guide! Elle doit honorer son père et parvenir vierge au mariage! Le fils court, ravi de cette pureté revendiquée. Le mouton suit? Elle invoque alors les coutumes et l'Islam pour exiger sa conversion! Séance tenante! Le fils a peur des réactions de sa famille, mais se convertir, c'est aussi changer de peau. Pourquoi pas dans son cas? C'est l'aubaine de la transmutation tant guettée!
L'Aziza trouve l'ultime dérobade, celle qui en fait l'avatar moderne et pervers de Pénélope moins la grâce : elle refuse de se marier avec le fils sous prétexte qu'il n'est pas Arabe. Le fils commence par implorer et tempêter. En vain. L'Aziza n'a nullement l'intention de le larguer. Elle veut juste se divertir et tester son pouvoir de séduction un peu particulier. Un coup, elle lui annonce qu'elle le quitte; un autre, elle le retrouve en pleurs et fait mine de céder au nom du coeur et de la foi.
Le fils se détruit à petit feu. Grâce et miséricorde! Tout ce qu'il cherchait se réalise par miracle! Non seulement il s'empresse de poursuivre, mais il s'affaire et s'enferre! Jusqu'au jour où, chagriné par sa vieille peau tannée, il se brise le poing contre le mur d'une maison. Un pauvre mur grisâtre, qui ne lui avait rien fait! Électrochoc : d'un coup, l'ampleur de son ratage lui revient en mémoire. C'est peu dire qu'il fonce dans le mur. Il a beau plastronner et mentir, il ne va plus à la fac, il est plus seul que jamais. Ses amis l'ont quitté. Le gosse de bourgeois dispendieux et vaniteux fait peur, avec sa mine cirée et ses cuisses faméliques.
Pas de doute, pour parvenir à un tel résultat, l'Aziza n'est pas n'importe qui. C'est l'envoyée du diable en personne. Elle exige à présent qu'il quitte tout, famille, amis, appartement, pour se consacrer à sa dévotion. Dans un sursaut d'instinct vital, le fils contacte le seul ami qui peut encore l'écouter pour lui confesser sa terrible descente aux enfers et entrevoir l'espoir d'un calmant.
Car le fils n'envisage nullement de rompre. Ce mode de vie lui convient. Ne rien faire et souffrir, tel est le destin qui l'accommode. Il a trouvé le confident qui lui permettra de garder la tête hors de l'eau, de ne pas avoir à affronter l'horrible reflet de ce visage qui refuse de se regarder. Tant il est vrai que Narcisse ne contemple pas son reflet, mais celui de l'altérité.
Le fils possède le salut à ses maux insalubres. Il ne croit qu'en la rédemption de la souffrance. Il ne desserrera le lien qui le lie à la mère qu'avec un amour plus amer. Il n'obtiendra des deux femmes de sa vie, sa soeur en plus de sa génitrice, que détestation et mépris. C'est exactement ce qu'il récolte chez l'Aziza! Qu'ils se sont bien trouvés, les deux tourtereaux du vaudeville tendance SM ! Elle, cruelle, pour mieux souffrir la vie. Lui, c'est l'inverse : sadique à condition de récolter le fouet et la mort.
Le problème de ce type de rédemption, c'est qu'elle ne génère d'amélioration que sporadique. Semblable à l'administration d'un médicament dont les effets s'altèrent à mesure que le corps du patient s'y habitue, la rédemption par la perversion n'est qu'occasionnelle et délivre un état plus terrible encore. Le fils a tout perdu à son petit jeu du soin par la souffrance. Il ressortira avec des cicatrices plus atroces encore. Il a trouvé le moyen d'affirmer sa différance. En bon disciple de Derrida, il implore les mânes de ses ancêtres. Qu'elles lui octroient de quoi différer l'horrible mais inaltérable vérité!
L'équilibre provisoire est trouvé : les conseils (du confident) pour mieux encaisser les coups (de l'Aziza). Dans un jeu de balancier réconfortant : le confident le réinsère dans la réalité sociale et la lucidité psychologique; une fois remis sur pied, sur sa selle d'âne bâté, il ne lui reste plus qu'à quémander les flétrissures et les meurtrissures. En attendant que le couperet du funeste verdict tombe, il vit d'eau rance et de charogne en charpie. Il est condamné, il le sait - reste à savoir quand. Pas de quoi se plaindre. N'est-ce pas le lot de tout un chacun?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

mais qui cela peut il être donc???

Koffi Cadjehoun a dit…

Captain Beefheart, bien sûr !

Maria José a dit…

Votre site est merveilleux et diversifié. Étant invalide et insomniaque je suis toujours occupé grâce à vous.
Bonne continuation !

Voyance serieuse

voyance gratuite par mail a dit…

Tout y est bien conçu dans votre site et très beau avec beaucoup de choix, c’est une merveille !!Félicitations. Amicalement

voyance gratuite a dit…

Sincère félicitation pour votre blog, c'est un réel plaisir que de le parcourir. Surtout continuez ainsi. Je vous remercie pour ce magnifique partage.

rosi a dit…


votre site et vos créations sont magnifiques j'adore merci

voyance mail gratuit