vendredi, mars 16, 2007

Identification

J'écoute l'empoignade qui oppose Bruno Gollnisch et Marc-Olivier Fogiel et je comprends comment les exclus du système politique finissent par s'identifier depuis vingt ans au Front National, soit à un parti politique réactionnaire et dont les relents sont nauséabonds et impraticables.
Fogiel recycle à cette occasion les mêmes méthodes que celles qu'il applique d'ordinaire à ses autres invités, sauf qu'à l'occasion de l'invitation de Gollnisch, il se croit autorisé à lâcher les vannes de sa hargne et de sa vindicte inépuisable. La technique de Fogiel? Les Guignols de l'info ont eu le nez fin en le grimant sous les traits d'un gourmé suivi de ses hyènes prêtes à s'esclaffer avec fracas à chacune de ses vannes virevoltantes.
Fogiel est-il une hyène? Le rapprochement est trop sévère, trop hâtif pour l'animal médiatique! Serait-il préférable de l'appeler coyote ? Je n'ose charogne... En tout cas, la mauvaise foi de Fogiel est à la hauteur de son harcèlement verbal. Fogiel n'est pas un pitbull. C'est un roquet qui voudrait se faire plus gros que le rodvailer qu'il fantasme d'être.
Pour preuve, je retranscris de mon mieux son débat avec Gollnisch. Sans commentaire. Juste quelques codicilles au final.
1) F. rappelle la condamnation de G. pour contestation de crimes contre l'humanité. G. rétorque que F. l'a bien été pour injure raciale, pour un SMS sur l'odeur des Noirs. G. : la différence entre lui et F.? Il est innocent. F. contre-attaque en répétant que ça n'a rien à voir et que G. doit se calmer.
2) F. affirme que le FN se victimise dans son accès aux médias, alors que G. serait l'homme le plus compliqué à inviter de l'émission. G. : a été prévenu il y a trois jours. F. souhaitait-il l'inviter? Pour F., ce n'est pas grave, c'est de la forme, pas du fond.
3) F. : G. a-t-il été mis de côté par son parti parce qu'il a des idées un peu trop hard et que le FN souhaite se moderniser sous l'impulsion de Marine Le Pen? G. est-il le pur et dur, le réac? G. : occupe le même bureau depuis cinq ans, contrairement aux allégation d'un journaliste de l'émission.
4) Si le FN parvient au pouvoir, G. sera-t-il premier ministre? G. ne le sait pas et appelle de ses voeux l'hypothèse d'un gouvernement de coalition avec, pourquoi pas, pour premier ministre une personne issue de la société civile (dont il vient, rappelle-t-il).
5) F. : on va en venir au fond, mais encore des questions de forme. Le Pen est-il en bonne santé? D'après Bachelot, il serait à l'article de la mort, ses cuisses auraient fondu et une assistante le soutiendrait dans ses déplacements au parlement européen. G. dément. On ne peut pas en dire autant des cuisses de Bachelot! Tous les participants s'offusquent du manque de classe de G. Ça, c'est ridicule, selon F.! Sa remarque ne portait pas sur le physique de Le Pen, contrairement à celle de G. Le fils de Bedos se lamente. Savoir Le Pen en bonne santé! G. lui rétorque que sa grand-mère est sympathisante du FN. Le (petit) fils Bedos écarquille une moue de dégoût consterné. Lemoine s'amuse que G. ait des dossiers sur tout le monde. F. insinue que G. se croit déjà dans un état policier. Puis que les idées ne sont pas génétiques. G. s'en délecte et martèle que les caractères moraux ne sont pas héréditaires, ce qui est dommage.
6) F. revient sur la contestation de crime contre l'humanité. G. veut-il débattre sur l'existence des chambres à gaz? G. : ne peut répondre librement et sort un joker pour ne pas s'attirer d'ennuis. S'estime victime des questions des journalistes. Laisse les historiens décider. N'a pris position que sur le massacre de Katyn, dû, non aux nazis, mais aux communistes. F. l'interrompt.
7) F. évoque l'interview dans La Croix, où Le Pen parle du 11 Septembre comme d'un incident. F. cite la définition du mot incident. G. demande à F. de poser les questions à Le Pen. F. répond qu'il était invité et n'a pas voulu venir. F. constate, sarcastique, qu'il n'était pas invité en premier. F. confirme : d'abord Le Pen, puis sa fille, puis G. - par ordre hiérarchique.
8) Fogiel parle de l'IVG. G. veut-il revenir sur la loi? G. refuse de laisser les femmes avec la seule contraception. Considère que le corps des bébés n'appartient pas aux femmes. F. conclut que G. veut revenir sur le droit à l'avortement.
9) Sur le mariage homosexuel, F. accuse G. de ne pas être clair. G. est prêt à expliquer. Selon F., G. a rapproché le mariage homosexuel de la polygamie. G. conteste les termes repris dans l'interview accordée au Journal du dimanche. G. aurait parlé du PACS, qui comprend la répudiation unilatérale, comme dans les pays de charria, dans les pays où le statut de la femme est le plus inférieur. F. : G. voudrait-il un mariage pour les homosexuels? Pour G., le mariage est fait pour transmettre la vie. Les autres formes sont parfaitement libres. Lemoine : G. est-il contre le mariage des personnes stériles? G. : absolument pas, parce qu'ils n'en excluent pas la perspective a priori. Il précise qu'il ne condamne pas les personnes, mais que la société doit favoriser les naissances. F. le coupe et change de thème.
10) F. aborde la proposition de Marine Le Pen de supprimer la couverture maladie universelle. Ça va intéresser Augustin Legrand (présent lui aussi et qui toise du regard G. sans lui parler depuis le début). En quoi G. trouve-t-il scandaleux que les personnes les plus démunies aient accès aux soins? "Alors là, franchement, (...) y'a des trucs qu'on ne comprend même pas. Donc que les plus pauvres, ceux que Legrand rencontre, qu'ils crèvent?" G. veut répondre de ces propos. Legrand constate l'absence de cohésion au FN. Selon G., les étrangers en France disposent d'une couverture totale refusée à certains Français dans la misère. En quoi l'un exclut l'autre? G. : "Dans les faits, cela exclut, quelle que soit la générosité à titre personnelle". F. demande si on laisse ces étrangers crever sur le trottoir. G. répond que le FN prendra les mesures que réclame Bongo pour qu'il n'y ait pas plus de médecins gabonais en France qu'au Gabon. F. s'énerve et demande à ce qu'on parle de la situation actuelle des étrangers démunis. G. répète qu'il faut soigner les étrangers chez eux. F. l'accuse de ne pas répondre à la question. G. prétend parler du futur comme un porte-parole de l'opposition au système. F. revient sur les propos de Marine Le Pen en 2003, exigeant l'abrogation immédiate pour les familles les plus pauvres. G. réfute que ce soit pour les Français. F. résume : en France, pas de droits pour les étrangers. G. : les droits vaudront seulement pour les étrangers qui cotisent. Il est anormal que des étrangers en situation irrégulière soient soignés gratuitement en France. Il faut inverser le courant de l'immigration. F. essaie de faire dire à G. qu'il veut laisser les étrangers pauvres crever sur le trottoir. Legrand s'énerve de nouveau. Carlier demande s'il faut renvoyer les médecins gabonais. G. : on s'efforce de... Il est interrompu par F. qui lui enjoint de répondre à ses questions (G. répondait à celles de Carlier). "C'est la même chose!", tranche F. G. rappelle qu'il n'est pas question de laisser qui que ce soit mourir dans la rue, sur le ton de l'évidence amusée.
F. attaque le débat sur la soupe au cochon populaire. J'en arrête là ma retransmission, laissant le soi à l'internaute de se rendre sur Dailymotion pour visualiser l'interview scindée en deux parties. Je ne résiste pas au plaisir de citer le mot si fin de Carlier : le FN serait le parti du plaisir (référence à la candidature d'un pin-up siliconée). La preuve? Il s'en branle... Carlier se lance après dans la psychologie de comptoir : à quel moment G. a-t-il basculé vers la haine? G. : Higelin a plus de haine que lui. F. : G. a invité en 1990 à Lyon un ancien officier des Waffen-SS par esprit d'ouverture. G. répond qu'il s'agissait du chroniqueur vedette de la radio bavaroise pendant trente ans, du député européen et président d'un parti politique légal (d'extrême-droite). G. précise que des officiers Waffen-SS de haut vol ont fait des carrières politiques brillantes au sein du parti socialiste allemand après la guerre.

Il ne s'agit nullement d'entreprendre le commencement d'un début de défense de Gollnisch, du FN, de Le Pen. Il est clair que ce type de réaction est d'autant plus réactive qu'elle propose clairement la violence contre le désordre. L'ordre s'obtient par la violence. L'excès de violence est le refus de la violence, soit l'égalisation du réel dans une uniformité de l'ordre. Et pour cause : si tout est détruit, tout est égal. D'où la parenté avec les impressionnants résultats des chapelles communistes.
Toujours est-il que les démocraties susciteraient moins de rejets si elles ne s'exposaient pas à cette violence qui reste au moins sournoise et rampante. Pour que le FN obtienne plus de 20% des suffrages, il faut que la démocratie française soit en crise. Elle n'est pas seule. Cette crise correspond à la confiscation des institutions et des principes démocratiques par des coteries élitistes, qui réclament d'autant plus la démocratie qu'elles ont beau jeu d'en confisquer le pouvoir.
La variante intellectuelle de cette appropriation antidémocratique, au nom de la démocratie, s'est affirmée en France avec le socialisme bobo des années 80 et la montée des intellectuels médiatiques et médiocres, façon BHL. Elle amorce son ressac avec la génération Royal&Enthoven.
La variante médiatique est moins cercle fermé sur les mérites indépassables de sa qualité supérieure, mais plus populisto-snobinarde. Il n'est pas étonnant que le Français blanc en proie à la pauvreté, ou inquiet de la mondialisation, qui a déjà tendance à chercher des boucs émissaires auprès des récentes générations d'immigrés, vote pour le candidat qui recoupe le sentiment d'injustice qui l'étreint. L'électeur du FN n'en peut plus que des élites corrompues et déconnectées de sa situation lui serinent avec condescendance que le problème de l'immigration n'existe pas; que l'insécurité est un fantasme nauséabond; que l'antiracisme primaire est le fondement de l'impératif moral; et qu'il faut se serrer la ceinture!
A écouter la horde des lyncheurs du PAF et d'ailleurs tomber à bras raccourcis sur les thèses du FN, avec la bonne foi du nanti donneur de leçons, l'électeur qui souffre finit par se dire que le FN s'en prend trop sur la gueule pour n'être pas une victime expiatoire à sa mesure. On ne parle du FN que pour le diaboliser. Le FN est le repoussoir des élites hypocrites et largement corrompues qui dirigent la France au profit quasi exclusif de leur renouvellement depuis trente ans. Le FN est le miroir de ce pouvoir qui n'est pas démocratique et qui ne veut pas passer la main, trop satisfait de ses prébendes graisseuses. Plus les Fogiel du show-business, qui n'est que le miroir aux alouettes du world-business, s'acharneront avec leur mauvaise foi formatée, sur les épigones de Le Pen, plus l'électorat brimé et protestataire s'incarnera dans le sein de son seul exutoire et de son seul mode d'expression. On veut être entendu! Par tous les moyens!
Le coup de Fogiel se réclamant, avec la mauvaise foi d'un diablotin en rase campagne, de la Compassion et des Valeurs Universelles de Justice, pour excommunier les suppôts de la haine, est trop connu par celui que l'incompréhension agresse chaque jour. Allez lui expliquer, d'un air sentencieux, que la Raison commande de ne pas être raciste et de se montrer patient, quand une horde d'un autre ordre, composée d'Arabes à 90%, squatte son entrée, deale, pisse et chie sur le pas de sa porte. Les distinguo sont plus aisés à fourbir place des Vosges à Paris...
Fogiel plus pourri que Gollnisch? Telle est probablement la tragique vérité d'un système qui n'en peut plus de macérer sur pied. Le miroir du FN, toutes les pertinentes analyses sur ses détestables méthodes, ne cache qu'une vérité : si le FN est incapable de gouverner, c'est que les dirigeants actuels sont juste capables de détourner à leur porfit la démocratie. Quant aux opprimés qui se désespèrent de voter Le Pen, ils ne seront pas entendus tant qu'un bon coup de pied n'aura pas été donné dans la fourmilière. Le renouvellement est la condition sine qua non de la préservation de la démocratie. A l'heure où tous les fils de viennent polluer les chaires et les strapontins, jusqu'à confisquer les caisses de résonnance de l'écho du KO, ce constat a valeur de dernière semonce. Messieurs les damnés, tirez en premier - votre balle dans le pied?

4 commentaires:

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rosi a dit…


Un petit pour vous dire que votre blog est super!

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rosy123 a dit…


Très bon article, comme toujours. Il a le mérite de susciter le commentaire 

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