jeudi, mars 01, 2007

L'odyssée de la violence

Une question qui reste en suspens dans les hauts faits de Jésus tels qu'ils nous sont relatés dans le Nouveau Testament concerne les passages où Jésus expulse les démons de possédés particulièrement incommodés par l'influence perfide de ces coucous de l'esprit. On a souvent glosé sur le caractère psychiatrique (psychotique) de ces interventions de thaumaturge habitué aux miracles, mais on ne s'est à ma connaissance jamais interrogé sur le devenir de ces démons.
Que deviennent-ils une fois expulsés? Des sans-papiers qui subissent un sort identique dans les pays riches où ils courent se réfugier avec pertes et profits, on imagine la destination contrainte : le pays d'origine ou un autre? Mais les démons? Sont-ils expulsés pour intégrer dare-dare l'âme damnée d'autres impétrants? Subissent-ils la mort, c'est-à-dire le changement de forme? Connaissent-ils la rédemption, Jean Valjean de la possession touchés par la grâce (hypothèse qui impliquerait que l'action miraculeuse de Jésus s'étende jusqu'à leur porte étroite)?
Je ne dispose toujours pas de réponse, mais je discerne dans l'expulsion le sort qui attend toute réaction face à la violence. Ainsi de l'Occident, qui, fortement christianisé, expulse l'ancienne violence totalitaire et bouc émissarisée. Qu'est devenue cette violence? J'observe l'hypocrisie duelle qui saisit l'Occident, apôtre de la démocratie, de l'esprit critique et du dialogue sur ces terres, et partisan de la force et de la violence à l'extérieur. L'Occident, en bon tartuffe politique, a trouvé la parade parfaite, qui pourrait évoquer l'apologue de la chauve-souris (tel du moins que La Fontaine le narre avec délice) : être oiseau avec les oiseaux - et rat avec les rats.
Soit se montrer démocrate avec les démocraties et totalitaire avec le totalitarisme - violent avec le parti de la violence et pacifique avec les pacifistes. On mesure dès lors le sort de la violence : l'Occident l'a expulsé pour le reporter sur l'étranger, sur la sphère qui ne le concernait pas - puis s'en laver les mains. Le vrai débat de fond consisterait à se demander ce que l'on fait de la violence si l'on refuse le système classique qui revenait à s'en accommoder.
Le système auquel a eu recours l'Occident est le moralisme bien-pensant. Le XXème siècle indique une autre voie : l'utopie à tendance égalitariste et universaliste. Ainsi du communisme, voire du nazisme, qui prétendirent régenter le monde pour le meilleur et amorcèrent le règne du pire. Ainsi de l'islamisme en ce troisième millénaire balbutiant, qui, lui, se réclame de Dieu pour accomplir son hécatombe sacrificielle.
Si expulsion il y a, elle ne saurait s'opérer qu'en direction d'une extériorité non humaine. Pour l'instant, il semblerait que l'homme ait besoin du visage de son semblable pour perpétrer son outrage exterminateur . Je veux dire qu'il n'a pas encore réussi à trouver un exutoire qui lui permette de changer sa violence en force et puissance. Lorsque l'homme cessera de faire de l'écologie écologiste et intégrera le problème fondamental de son environnement à la politique, il sera en mesure de se lancer à la conquête de l'espace. Soit à l'abordage de sa violence destructrice (contre les intérêts humains, il va sans dire).

1 commentaire:

voyance gratuite par mail a dit…

Waouhhhh !! Vous avez de sacrées idées !!! C'est génial ce que vous faites ; joli partage et interface facile pour naviguer tranquillement !! Bravo !!!