jeudi, février 08, 2007

Discriminations et coutumes

En écoutant Nicolas Sarkozy s'exprimer (très bien) devant des citoyens français triés sur le volet, j'ai intégré que le candidat de l'UMP se situait dans le réel alors que la candidate du PS se mouvait dans la démagogie. Ce constat est triste car il ne signifie pas que Sarkozy soit dans le vrai. Il est catastrophique d'observer que le parti (encore?) majoritaire de l'opposition nage dans une telle illusion qu'il nie les vrais problèmes pour proposer un programme sans consistance.
Face à Sarkozy, il serait temps de demander : qu'est-ce que la gauche? Peut-on encore proposer aux électeurs le socialisme collectiviste du XXème siècle, celui au nom duquel Mitterrand manqua de couler la France avant d'être rattrapé par le réel? Bien sûr que non! La gauche a toujours incarné la possibilité du progrès. Le progrès suppose le changement positif, pas le changement pour le changement. A l'heure actuelle, la gauche a perdu la possibilité de se réclamer des idéologies collectivistes pour s'opposer au capitalisme.
Elle s'est perdue dans les méandres du capitalisme et du libéralisme sans être capable d'opposer un discours critique et viable. Les partis de gauche conséquents en Europe prônent des libéralismes de gauche, soit la social-démocratie - nullement l'antilibéralisme. C'est la position en France d'un Rocard ou d'un Strauss-Kahn. Ce n'est malheureusement pas celle du socialisme contemporain, qui prétend toujours que s'il arrive au pouvoir, il améliorera les choses en aidant les pauvres et les démunis grâce à l'intervention de l'Etat.
Malheureusement, il suffit d'observer les différentes expériences internationales pour se rendre compte que l'interventionnisme n'améliore pas la justice et que la mondialisation n'a fait que rendre inéluctable la disparition des idéologies collectivistes. La gauche a besoin de revenir au réel pour échapper à la démagogie qui la gangrène et qui la pousse à ne jamais affronter les vrais problèmes des Français (qui sont aussi les problèmes, mutatis mutandis, des Occidentaux).
Si Lionel Jospin a laissé Le Pen accéder au second tour en 2002, ce n'est pas que ce social-démocrate ait eu à rougir de sa politique d'ensemble. Je pense même qu'il est à créditer d'un bon bilan. C'est qu'il a refusé de reconnaître le problème de l'insécurité, des banlieues, de la délinquance, de l'immigration, tous thèmes que Le Pen était le seul à aborder depuis vingt ans. Les électeurs, qui sont tout sauf des imbéciles, n'ignorent nullement que Le Pen n'a aucune solution conséquente à apporter aux problèmes effectifs qu'il dénonce. Mais enfin, au moins avait-il le mérite d'en parler quand les autres traitaient de ces problèmes avec la morgue de grands bourgeois ignorants et taiseux. Quand j'entends des voix s'élever contre Sarkozy au motif qu'il reprendrait les thèmes de Le Pen et qu'il banaliserait le racisme et la xénophobie, je demande qu'on regarde les vraies statistiques. En refusant de proposer des solutions à la délinquance qui frappe les jeunes issus de l'immigration africaine (notamment et surtout), on ne fait que mépriser ces jeunes et précipiter la cadence infernale du cercle vicieux de l'exclusion. Les antiracistes inconséquents et bienpensants se rendent-ils compte que leurs revendications supertolérantes empêchent la résolution des vrais problèmes que charrie la xénophobie?
La vraie gauche ne nie pas le réel, elle revendique la justice. Elle ne promet pas la perfection, elle reconnaît l'imperfection. Malheureusement pour le débat démocratique, à l'heure actuelle, Royal et la gauche antilibérale se distinguent surtout par leur incapacité à s'attaquer aux problèmes économiques, aux flux migratoires, à l'insécurité, aux retraites ou à la santé. Venant des antilibéraux, la carence n'est pas très inquiétante. De la part du PS, l'erreur l'est d'autant plus qu'à chaque fois que Royal émet une proposition, elle s'aligne sur les thèmes de campagne de Sarkozy.
La gauche s'est vidée de ses idées au profit de promesses dangereuses et inapplicables - démagogiques au lieu de progressistes. Mitterrand a juré de réduire le chômage? On a vu le résultat. Aucune alternative viable au libéralisme à tendance anglo-saxonne de Sarkozy n'est proposée. Pourtant, les possibilités ne manquent pas.
Le principe de justice exigerait que la France milite pour une Europe sociale et que cette Union Européenne politique, et non économique, exige la mesure qui conditionne le principe de la mondialisation harmonieuse. A l'heure actuelle, la mondialisation suit un cours sauvage et suicidaire. Que n'attend la gauche pour exiger des lois internationales politiques? Ce que l'OMC a su obtenir au niveau économique ne pourrait être obtenu au niveau politique? C'est bien entendu faux, à moins de penser que la démocratie est l'apanage de l'Occident.
Justement, l'extension de la démocratie au monde est une exigence qui devrait émaner de la gauche. A l'heure où le concept de nation explose pour laisser libre cours à ceux de globalisation et de fédération, il serait temps de constater la raison principale qui anime l'antioccidentalisme : les déshérités ressentent l'injustice d'être les victimes de la démocratie. Comme si l'Occident considérait que la démocratie n'est valable que pour les peuples occidentaux et que les autres sont quant à eux soumis au régime des totalitarismes. Il est grand temps d'exiger que la démocratie ne soit plus l'exception, mais la règle. Avec un corollaire : si la démocratie n'a pas connu d'extension plus rapide, c'est à cause de l'hypocrisie des dirigeants des démocraties qui se sont arrangés des totalitarismes pour mener une politique internationale injuste et cupide.
Le vrai combat de la gauche est un combat contre l'ultralibéralisme et pour la prise de conscience que les vrais problèmes se jouent désormais à l'échelle mondiale. Le temps du ministre des Finances tout-puissant dans son pays est révolu. Il est temps que les décideurs mondiaux deviennent les politiques et que ce privilège ne soit pas confisqué par les leaders économiques, dont les intérêts se situent aux antipodes (l'enrichissement) et mènent à l'injustice. Le principal reproche qui peut être adressé à Sarkozy est de ne pas tenir compte de la mondialisation en n'envisageant l'élection présidentielle que comme un débat franco-français. Résultat : les Français sont pris en otage par la mondialisation ultralibérale et se trouvent contraints d'entériner des changements qui en eux-mêmes sont injustes! Pour rétablir la justice, la seule solution passe par la mondialisation de la politique et le retour logique à la prééminence du politique sur l'économique.
Cette internationalisation de la politique n'implique pas seulement la lutte contre l'ultralibéralisme. Le principal credo de la gauche porte en fait, non sur la justice idéale et démagogique, mais sur l'adaptation des sociétés humaines en voie de mondialisation à l'environnement. Autrement dit : accepter que le réel soit imparfait et que l'environnement n'ait pas été créé pour l'homme et ses besoins. Si l'homme suit la pente galopante de son désir, il scie la branche sur laquelle il est assis.
C'est dire que le vrai combat de la gauche mondiale ne porte nullement sur la transformation de la politique en écologie (combat aberrant pour lequel militent les partis écolos traditionnels et qui explique leur confidentialité), mais sur l'intégration de l'écologie à la politique comme fin politique. A l'heure actuelle, la seule fin que poursuit la politique est de proposer à l'homme les meilleures conditions de vie en usant de tous les moyens de consommation. A ce rythme de consommation effrénée, le monde va imploser et l'homme disparaître. La seule alternative à ce schéma suicidaire est l'adaptation de l'homme à son environnement. L'homme se vit depuis l'industrialisation et la technique comme "maître et possesseur" exclusif de la planète, selon une expression empruntée à Descartes.
Il ne s'agit nullement de considérer l'homme comme une espèce nuisible et digne de disparition (credo de certains écologistes intégristes), mais d'assurer la pérennité de notre espèce en ne concevant plus seulement le court terme comme l'horizon temporel indépassable des aspirations politiques des citoyens. A quand le concept de citoyen mondial et plus seulement de citoyen national, ayant conscience que les vrais problèmes se jouent à l'échelle internationale? Raison pour laquelle le vrai combat de la gauche porte sur la conquête interplanétaire et la compréhension que la vie ne se cantonne plus seulement aux seule limites de la Terre. Il est temps de réaliser le rêve d'Asimov.

2 commentaires:

rosi a dit…

Merci pour ce très bon site, vraiment un panaché de bonnes et intéressantes idées. Surtout continuez ainsi. Bon courage
Cordialement

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Merci pour cet article qui m’a fait découvrir votre site très intéressant. Au plaisir de vous lire à nouveau.
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