samedi, janvier 06, 2007

A mon bienfaiteur

Grâce à mon directeur d'IUFM, section Lettres, je suis passé à côté de peu. J'aurais pu être arriviste, servile, futile, débile, à l'instar des camarades qui garnissent les bancs de l'IUFM. Je ne sais pas ce que je suis devenu, mais enfin, rien de tout ça.
Mon directeur de l'IUFM avait un nom qui ressemble à un dinosaure, genre Diplodocus, ou à un mot latin, genre minus, i, m. J'ai tout de suite senti qu'il se nourrissait de laitues détraquées et de jeunes femmes avariées. Pour traîner un teint pareil, ça ne pouvait seulement être l'oeuvre de la bière!
Mon directeur d'IUFM était victime de l'amour sans borne de toutes les greluches des promotions qui s'apprêtent à passer le CAPES. Il était moche, libidineux et d'une vulgarité crasse : toutes les qualités qu'elles cherchaient chez un homme. Celles qui ne l'aimaient pas se privaient bien de le lui faire savoir en face, la bourgeoisie intellectuelle se targue de penser de travers.
Les pétasses qui se prédestinent à embrasser la carrière professorale comme elles brûlent d'emballer une femme (car les garces ne rêvent que de lapider leur père) détestaient mon directeur d'IUFM. Par solidadrité, je me propose donc de l'aimer. Il est plus facile d'aimer ses amis que ses ennemis, prédit une célèbre parole. Nous allons voir...
Mon directeur d'IUFM essaya par tous les moyens de me détruire. Sans succès. J'avais osé lui cracher la vérité par écrit sur la didactique et le fonctionnement de ses services. Comme il m'estimait beaucoup, il décida immédiatement de me faire redoubler. Un bon soldat stalinien détruit toujours les contestataires qu'il estime.
Mon directeur d'IUFM buvait parce qu'il n'avait pas réussi à passer sa thèse sur la poésie contemporaine. Il est toujours préférable de boire que de passer une thèse de poésie contemporaine. Au train où vont les choses, il est toujours préférable de boire que de passer une thèse tout court. C'est plus productif et plus instructif.
Comme l'alcool est un puissant translucide, il révéla à mon directeur d'IUFM son incurable nihilisme. Il décida aussitôt de courir la gueuse. Après la thèse et l'antithèse, la synthèse. Pas n'importe quelle Gueuze. La bière d'abbaye n'était pas son truc. Il était plutôt petit blanc de comptoir ou ricard de nuisette.
Mon directeur d'IUFM aurait pu entretenir une liaison avec une collègue. Il aurait pu imiter Verlaine ou Baudelaire par leurs travers et fonder un bordel dans une des ailes désaffectées de son bel Institut, avec la complicité de ses supérieurs. Un bordel sera toujours plus sympathique qu'un IUFM. Entre la peste et le choléra, on choisit toujours le vaccin. Il aurait suffi de faire passer les péripatéticiennes pour des femmes de ménage ou des secrétaires grassement rémunérées...
Mon directeur d'IUFM choisit les jeunettes comme puissant Valium. Celles de vingt ans. Comme tous les pessimistes chic, il avait besoin de ce viatique de choc pour se morfondre dans la nostalgie crasse de ses vingt ans - quand il se rêvait en Che-Bendit.
Les jeunettes y trouvaient la saveur du pouvoir sur leur chemin de Bovary en bikini. On s'étonne que les politiciens hideux bénéficient des faveurs des femmes. Il suffit de constater le succès qu'obtient un directeur d'IUFM section Lettres pour se convaincre de l'évidence ! En moyenne, les femmes pérfèrent les politiciens aux balayeurs. Elles préfèrent aussi les taulards aux fonctionnaires de bureau, mais c'est une autre histoire...
Dans ma promotion, une jeunette tendance brunette se coltinait le vieux croûton. Ses camarades auraient dû la chérir, surtout les jolies : elle les débarassait de l'avorton-étron! Au lieu de recueillir la sympathie matinée de compassion bienvenue, elle récolta la haine malsaine. Le processus psychologique n'était pas si incompréhensible : toutes celles qui auraient voulu être à sa place, mais n'osaient pas, le lui faisait payer au prix fort! Celles et celui : une tapette littéraire paraissait intéressée.
Quant à celles et ceux qui n'étaient pas concernés par le martyr, ils plaignaient sincèrement la pauvre fille. Se coltiner le raté au quotidien, c'était sa femme qui rigolait!
Etait-ce parce que mon directeur d'IUFM avait investi une affreuse BM verte et qu'il portait des chemises style Bronzés I le Retour qu'elle en pinçait pour sa moumoute bedonnante et sa dégaine décadente? En tout cas, mille merci à celui qui m'a permis de ne pas finir ainsi - en contempteur de la médiocrité corrompue, en thuriféraire des valeurs nauséabondes et débilitantes, en pauvre taré dont les plus beaux spécimens, merci papa, merci maman, investissent les chaires de poules académiques et universitaires.
Grâce à mon directeur d'IUFM, j'ai échappé à la corruption de mon temps. Je lui dois bien cet hommage vibrant de grâce et de salut réunis.
Mon directeur d'IUFM empêchait toute personne fidèle au réel de sombrer dans l'illusion et la perdition (ontologique). Mon directeur d'IUFM est un martyr de la cause. Son sacrifice ne sera pas vain, j'en atteste! Le saint homme s'est dévoué pour endosser ses lourdes responsabilités. Chacun sa croix, chacun sa Passion. La sienne était toute administrative.
J'ai appris que mon directeur d'IUFM était tombé gravement malade. Bien placé pour mesurer les affres de la maladie et les secours de la science, j'ai compati. Sincèrement. Je devais être l'un des seuls de la promo, ma main au feu. Les autres s'en foutent, ce n'est plus leur affaire.
Décidément, mon directeur d'IUFM traversait une sale période : pendant ce temps, il s'est fait évincer de son placard doré. Deux planquées s'étaient chargées de lui faire payer son indifférence à leurs charmes, sa BM et ses virées avec stagiairEs à bord. La première était nantie de deux neurones, la seconde d'une solide dose de testostérone. Je ne suis pas certain que l'IUFM y ait gagné au change.
Heureusement, Dieu, dans Son Infinie Bonté, ne laissa pas péricliter trop son Job à plein temps. Il le muta dans un autre placard doré, le jury de concours pour futures professeurs. Qui a dit que la vie était dure? Mon directeur d'IUFM a maintenant le loisir de draguer des jeunettes qui ont un an de moins ! Les sacrifices ne sont jamais vains.

3 commentaires:

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Merci pour tous ces articles je vais me pencher sérieusement dessus!

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J’avoue que vous faites un travail extraordinaire qui me fascine.

Anonyme a dit…

Un excellent bravo pour un excellent sujet et un excellent blog !!!

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